La révolte, la haine et le pardon (tome 1)
Tome 1
Tout commença par un jour d’octobre 1961. Il faisait très beau, le ciel était bleu comme l'Algérie, pays d’où nous arrivions.
Mon père étant dans la gendarmerie, je suis né las-bas, on ne choisit pas toujours !…La fratrie se composait de 4 garçons dont j’étais le plus jeune. Ma hantise c’était le froid d’où mon étonnement. Je crus à ce moment là que le climat était identique à l’ ALGERIE; cela me rassura..
Notre retour était mal vu, la société rejetait les rapatriés !…
Ce fut la 1ére injustice à mes yeux innocents qui venaient de vivre des moments douloureux d’une guerre des « GRANDS » et de subir un traumatisme. Mon analyse fut que pire il y avait et que cela existait, nous venions de le vivre.
Tous les gamins de la BOUQUERIE étaient contre nous, y compris les fils de gendarme,
sauf 1, Richard R. , avec les 4 PUTELAT nous étions 5 contre une quinzaine !
De la gendarmerie à l’école FERDINAND BUISSON il y avait environ 1 km et tout le long du chemin Bernard B. me filait des grands coups de godillots dans le ventre et bien sûr, moins fort que lui, je la fermai. Cela cessa le jour où mon frère Serge le dérouilla. Quant à mon autre frère Gérard, l’aîné, il fractura le nez du chef de la bande, d’un coup de poing. C’était le fils du capitaine. Nos ennuis s’arrêtèrent là où commençèrent ceux de notre père qui commandait la brigade de gendarmerie de SARLAT et dont le supérieur hiérarchique était... le capitaine…
A présent nous faisions parti de la bande de la BOUQUERIE avec tout ce que cela comportait d’exigences envers les uns et les autres.
Voilà pour l’ambiance de l’époque.
Le CP m’émerveilla avec Mme BERTHOLLEAU, n’ayant jamais connu la scolarité auparavant, ce fut pour moi une découverte, j’étais heureux. Je n’étais pas un mauvais élève. Tous les jours nous arrivions avec nos sacs de petites bûchettes de couleurs. Il y avait le bureau de la maîtresse sur l’estrade et le tableau vert dans un coin avec ses craies de couleurs différentes. Nos places étaient toujours les mêmes, nous avions un pupitre en bois et un encrier de porcelaine blanche, il fallait que nous amenions notre encre avec un porte-plume et ses plumes sergent-majors qui coûtaient très chers. J’étais heureux et en sécurité ici. L’école me paraissait grande et la cour immense. Nous n’étions que des garçons, la mixité n’existait pas dans l’enceinte. La particularité c’était notre blouse grise qui faisait l’uniformité à l’intérieur; à l’extérieur, c’était tout autre chose .Les inégalités existaient bel et bien.
Merci à Mme Bertholleau, merci de tout mon cœur pour le petit homme qu’elle a contribué à accompagner un petit bout de chemin, le 1er , à mes yeux le plus important.
Puis vint le CE1. Là commencèrent mes ennuis avec cette institutrice détestable qui lorsque nous faisions des bêtises ou bien avions de mauvais résultats nous tapait. Si nous recommencions elle nous envoyait chez son mari prendre une rouste. Nous en avions une peur bleue. Il y avait le coin et le bonnet d’âne pour les punis ou les mauvais. Je le coiffais de temps à autre.
C’était la 2ème injustice et l’école me parut beaucoup plus difficile dès cet instant.
Il faut dire qu’à la maison, au moindre écart, nous étions tout de suite dans le même schéma, il fallait filer droit.
Il avait tout une série de sévices qui correspondaient à des n° 1,2,3,4…, en fonction des fautes commises.
Quand nous faisions la dictée, il y avait un élève désigné d’office, certainement pas par hasard, plutôt un qui allait se prendre des baffes, qui passait derrière le tableau.
A la correction, une fois les cahiers échangés avec la rangée la plus éloignée, on retournait le tableau et là commençait la correction pour les fautes et l’élève, à grand coups de baffes, tirés d’oreilles, de cheveux, frottés de poing sur la tête, coups de règle en bois ou en fer sur les doigts, les fesses ou la tête. A genoux sur la règle et j’en passe…
La faute d’orthographe c’était 2 points plus les sévices et 4 points pour les fautes de conjugaisons. Inutile de vous dire qu’il fallait être bon pour ne pas en ramasser une !
Le meilleur de la classe c’était Jean-luc, pour nous le fayot puisqu’il ne prenait pas de baffes.
Pour nous, c’était au fond de la classe et de la 4ème rangée à côté du radiateur et de la porte-fenêtre avec vue sur la place de la RIGAUDIE, ce qui nous permettait de nous évader et de rêver un peu plus à des jours meilleurs…
A suivre...
Dominique Putelat